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Chroniques Radiophoniques
14 décembre 2006

Simone de Beauvoir

beauvoirAujourd’hui, nous allons parler du féminisme alors forcément, forcément je suis o-bli-gée d’adresser ma lettre à Simone de Beauvoir !

Chère Simone,

Tout d’abord je dois t’avouer que c’est très difficile pour moi de t’écrire parce que je t’admire démesurément. Oui, c’est un problème parce que je vais devoir t’écorcher un peu, je suis navrée Simone. C’est aussi assez difficile de t’écrire parce que tout simplement tu es morte, ma petite Simone ! Bon, parenthèse, tu es morte trois mois après ma naissance, sûrement rassurée, en te disant que grâce à moi la relève était assurée. Oui, on se ressemble Simone, surtout au niveau de la prétention. Mais pas seulement ! Tu as fait de la radio, tu as eu le prix Goncourt (bon, moi c’est pas encore fait mais c’est pour bientôt, t’inquiète pas), et puis tu passais ta vie dans les bars. D’ailleurs A l’époque on appelait ça des cafés, pas des bars : le « Café de Flore », le « Café des Deux Magots », autant de lieux de débauche où tu préparais ta petite révolution intellectuelle.

Mais à propos de révolution intellectuelle, il y a une chose que tu n’as apparemment jamais sue à propos de ton agrégation. Oui, moi, Julie, je vais apprendre quelque chose à Simone de Beauvoir. Je pourrais t’apprendre des tonnes de trucs comme le mariage d’Angelina Jolie et Brad Pitt ou encore comment faire fonctionner internet, mais non, c’est bien plus fondamental et surtout ça te concerne. Tu te souviens, en 1929, quand tu as été reçue deuxième à l’agrégation, première femme agrégée, plus jeune agrégée de tous les temps et derrière Jean-Paul Sartre ? Et bien en réalité tu étais première ! Et oui, mais ces messieurs de la Sorbonne n’étaient pas très très motivés pour qu’une femme soit la première. Alors ils ont échangé avec Jean-Paul Sartre. Et d’ailleurs parlons-en de ce Jean-Paul. Certes, ce monsieur était un intellectuel hors pair, leader des existentialistes mais ça n’est pas parce que tu étais une intellectuelle que tu étais obligée de passer ce fameux « contrat » avec ce Jean-Paul Sartre, cette laideur de la nature ! En même temps, c’est vrai que là, du coup, tes fameuses « amours contingentes », on les comprend ! Parce que passer cinquante ans de sa vie avec un type aussi laid, il faut quand même le faire, et pour c’est pour ça aussi que je t’admire, Simone. Enfin, je dis que je t’admire mais parfois je me demande ce que j’aurais pensé de toi si j’avais eu 20 ans en 1950. Non parce qu’à l’époque on voyait en toi un écrivain aux mœurs dissolues, une excentrique, en fait une femme peu recommandable plus qu’une grande philosophe… Non, en fait je pense qu’en 1950 je me serais un peu moquée de toi. Bah oui, attends, je suis désolée mais aussi fallait arrêter ce look affreux. Pourquoi tu t’obstinais à mettre cette espèce d’éternel bandeau ignoble dans tes cheveux ? Et encore, je ne parle pas de tes pulls en laine. C’est bien parce que t’es morte et que je te dois un minimum de respect. Non, vraiment, je pense que si j’avais eu 20 ans en 1950, j’aurais surtout refait ta garde-robe. Surtout qu’il faut bien le dire, tu étais une sorte de Paris Hilton avant l’heure… J’imagine que cette comparaison te surprend mais je maintiens. Je maintiens parce que finalement tu étais une sorte de people à l’époque, traquée par les photographes, connue du monde entier, on racontait partout tes aventures amoureuses. Et puis regarde, Paris Hilton, elle, elle a été arrêtée par la police parce qu’elle conduisait un peu alcoolisée, et toi, bon, tu vendais un journal pas trop autorisé alors t’as fait un peu de garde-à-vue. Tout se recoupe, Simone, chuis désolée, mais ma comparaison est sans failles !

Bon j’arrête les stupidités et je redeviens ta première fan : je dois t’avouer que tu as écrit une phrase tellement géniale que je suis obligée de t’idolâtrer. Alors attention, préparez-vous tous à la décharge électrique de cette phrase : « Pourquoi les mots, cette précision brutale qui maltraite nos complications ? ». Whaaa, Simone ! Explique-moi comment tu fais, sincèrement. Je suis là, derrière mon micro à raconter des inepties et toi en 10 mots tu me mets par terre, tu me révolutionnes le cerveau… Vraiment, Chapeau Simone, euh… pardon, Bandeau, Simone !

Allez, je vais te laisser en prononçant ces quelques phrases que tu as écrites : « On ne naît pas femme, on le devient. C'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu'on qualifie de féminin. La femme n’est victime d’aucune mystérieuse fatalité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux. ». J’te kiffe, Simone !

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