Stéphane Bern

Aujourd’hui j’adresse ma lettre à Stéphane Bern, en partie parce que l’humoriste Laurent Violet, notre invité à 8h, a travaillé chez lui quelques temps.

Cher Stéphane,

D’abord, il faut que je te dise combien je t’admire. Nan c’est vrai, je trouve ça très courageux de faire des baise-mains à tour de bouche à toutes les reines du monde, de manier l’étiquette à la perfection et… de poser nu dans Paris-Match. Mais en même temps je pense que ça te résume un peu, non ? Hier encore tu ne pensais qu’en terme de couronne, de droit de succession, de protocole, de révérences et que sais-je encore ! Et aujourd’hui, le Stéphane Bern nouveau est arrivé. Un Stéphane qui se laisse pousser les cheveux, qui flirte avec la provocation. Oui mon petit Stéphane, je dis flirter parce que, entre nous, t’es quand même pas un vrai provocateur, hein. Allez, avoue… Quand tes chroniqueurs de France Inter blagouillent sur les derniers potins, tu rigoles. Mais quand ils exagèrent, tu sors ces espèces de râles dont tu as le secret, et qui veulent dire, au choix, « Oh, mon gros Guy, Evelyne Thomas a quand même du mérite d’assumer ses liftings! » ou alors « Non, Michel Drucker n’est pas hypocrite, il est juste…. très gentil ». Bon, ok, Steph, je te fais peut-être dire des choses que tu ne penses pas. Mais tu t’es quand même « désolidarisé de Laurent Violet » (notre invité à 8h) tout de suite après une blague politiquement pas très correcte. C’est pas grave, Stéphouche, tout le monde ne peut pas être Eve Angeli-la rebelle et balancer au monde entier que la fourrure animale, c’est mal. Pourtant, t’as tout essayé : la coupe de cheveux jeun’s-cool mèche-dans-les-yeux, une émission sur France Inter, la radio des intellos de gauche, une autre sur Canal +, la chaîne des anticonformistes… Malgré tout ces efforts, ton passé de nostalgique de Louis XVI te rattrape inexorablement. Et je sais pourquoi ! Enfin, Stéphane, grâce à mon érudition, tu vas pouvoir devenir un VRAI Jean-Jacques Beneix qui exaspère tout le monde. La clé de ton problème, c’est tout simplement ton prénom. Oui. Stéphane. Stéphane qui veut dire « couronné » en grec. Tout ton avenir prédestiné par ton prénom. Donc si tu veux vraiment changer d’image, je te conseille plutôt un « Johnny » (mais c’est déjà pris), ou un truc imprononçable pour faire « undergroud », du genre Fritz-Dieter-Franz. Bon par contre, dans tous les cas faudra abandonner ton côté grec. Jsuis désolée mais tu devras t’afficher avec des top-models punk-rock ou des chanteuses déjantées.

En attendant que tu choisisses, je vais continue à t’appeler Stéphane. Stéphane, mon cher Stéphane Bern… Je crois que je t’ai assez parlé de futilités, alors je vais passer aux choses sérieuses, à l’actualité, à TON actualité. Nan mais là faut faire quelque chose. Déjà, arrête de dire que les invités débattent dans ton émission de télé. Ils débattent pas, ils mordent. Est-ce-que tu fais exprès de choisir à chaque fois les gens les plus bornés de France ? Si c’est le cas, franchement, tu te débrouilles bien. Ce qui est sympa, c’est qu’on peut aller prendre un bain trankil, revenir et Oh, surprise, le débat n’a pas avancé ! Enfin, si, ça crie de plus en plus, les invités se jettent de l’huile bouillante sur la figure, se massacrent à la Kalashnikov, mais au niveau des idées, rien, nada, que dalle. Alors, perso, ce que je fais, c’est que je baisse le son et j’écoute France Culture. Du coup, dès que je m’endors, y a toujours un invité qui se met à vociférer ou à gesticuler et ça me réveille. Tu devrais essayer, c’est assez sympa comme mix. Pour en revenir à ton émission, je garde le meilleur pour la fin : le titre de cette émission soi-disant polémique. L’Arène de France. Après Le Fou du Roi, L’Arène de France ! Dis-donc, ils se foulent pas trop tes publicitaires. Ça va être quoi ta prochaine émission ? Un reportage sur Ségolène Royal ? Ah non, c’est vrai, vous êtes brouillés pour une histoire de sondage dans ton émission qui ne lui a pas plu… Peut-être un concept du style " La vie rêvée de Jérémy Chatelain, star déchue!"

Allez, je te laisse, Stéphane, et n’oublie pas : royaliste ou révolutionnaire, c’est comme boire ou conduire, y a un moment, y faut choisir.